Les produits à recevoir (PAR) : un élément clé de la comptabilité

You are currently viewing Les produits à recevoir (PAR) : un élément clé de la comptabilité
  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Comptable
  • Dernière modification de la publication :17 juin 2025

Dans le monde de la comptabilité, la notion de produits à recevoir (PAR) constitue un élément fondamental pour assurer une image fidèle des comptes de l’entreprise. Ces produits, bien que certains dans leur principe, n’ont pas encore été comptabilisés à la clôture de l’exercice, généralement faute de pièce justificative. Comprendre et maîtriser ce mécanisme comptable est essentiel pour tout professionnel souhaitant respecter le principe d’indépendance des exercices, pierre angulaire de notre système comptable.

Qu’est-ce qu’un produit à recevoir ?


Un produit à recevoir est un produit connu avec certitude à la clôture de l’exercice N, mais dont la pièce comptable correspondante (facture, avoir, etc.) n’a pas encore été émise ou reçue. Il s’agit donc d’une créance certaine dont le montant peut comporter une légère incertitude, mais qui doit impérativement être rattachée à l’exercice auquel elle se rapporte.

Par exemple, si votre entreprise a livré des marchandises à un client le 28 décembre N, mais que la facture ne sera établie que le 5 janvier N+1, le produit correspondant à cette vente doit être comptabilisé sur l’exercice N sous forme de produit à recevoir.


Pourquoi comptabiliser les produits à recevoir ?

La comptabilisation des produits à recevoir répond à deux impératifs majeurs :

  1. Le respect du principe d’indépendance des exercices : ce principe fondamental exige que chaque exercice comptable soit indépendant des autres et ne prenne en compte que les produits et charges qui lui sont propres.
  2. L’obtention d’une image fidèle des comptes : en enregistrant l’ensemble des produits acquis mais non encore facturés, l’entreprise présente une situation financière plus précise et transparente.
🧩
Si l’incertitude sur l’existence même du produit est trop importante, le principe de prudence prévaut et le produit à recevoir ne doit pas être comptabilisé.

Les différents types de produits à recevoir


Les produits à recevoir peuvent être classés selon leur nature et le compte de tiers concerné :

Type de produit à recevoirCompte à utiliserExemple
Factures à établir4181 – Clients, factures à établirVente de marchandises livrées mais non facturées
Avoirs à recevoir4098 – RRR à obtenir et autres avoirs non encore reçusRistourne accordée par un fournisseur mais non encore formalisée
Intérêts courus2768 – Intérêts courus sur créances immobiliséesIntérêts sur prêt accordé à une filiale
Intérêts courus sur placements5088 – Intérêts courus sur obligations et valeurs assimiléesIntérêts sur obligations détenus par l’entreprise
Produits à recevoir sociaux4387 – Organismes sociaux, produits à recevoirRemboursement attendu d’un organisme social
Produits à recevoir fiscaux4487 – État, produits à recevoirCrédit d’impôt à recevoir
Autres produits à recevoir4687 – Débiteurs divers, produits à recevoirIndemnité d’assurance à percevoir
🧩
Ces différents comptes se caractérisent par la présence systématique du chiffre 8 en troisième position, indiquant qu’il s’agit d’un compte de régularisation.

La comptabilisation des produits à recevoir


La comptabilisation des produits à recevoir s’effectue en deux temps : d’abord à la clôture de l’exercice N, puis à l’ouverture de l’exercice N+1.

À la clôture de l’exercice N (31/12/N)

L’écriture type consiste à :

  • Débiter un compte de créance (compte de régularisation)
  • Créditer un compte de produit correspondant
  • Éventuellement, créditer un compte de TVA à régulariser si l’opération est soumise à TVA

Exemple d’écriture comptable pour une facture à établir :

DateCompteLibelléDébitCrédit
31/12/N4181Clients, factures à établir6 000
31/12/N44587TVA sur factures à établir1 000
31/12/N707Ventes de marchandises5 000
Produit à recevoir – Vente de marchandises livrées le 28/12/N
⚠️
Attention
Si l’opération est soumise à TVA, celle-ci doit être comptabilisée dans le compte 44587 « TVA sur factures à établir » et non dans le compte 44571 « TVA collectée », car la TVA ne sera exigible qu’à l’émission effective de la facture.

La contrepassation à l’ouverture de l’exercice suivant

Pour éviter une double comptabilisation du produit, l’écriture passée à la clôture doit être contrepassée (ou extournée) à l’ouverture de l’exercice suivant.

DateCompteLibelléDébitCrédit
01/01/N+1707Ventes de marchandises5 000
01/01/N+144587TVA sur factures à établir1 000
01/01/N+14181Clients, factures à établir6 000
Contrepassation du produit à recevoir

Cette contrepassation permet de solder les comptes de régularisation (4181 et 44587) et d’annuler par avance le produit qui sera enregistré lors de la facturation effective.


Comptabilisation de la facture définitive

Lorsque la facture est effectivement émise en N+1, elle est comptabilisée normalement :

DateCompteLibelléDébitCrédit
15/01/N+1411Clients6 000
15/01/N+1707Ventes de marchandises5 000
15/01/N+144571TVA collectée1 000
Facture n°F2025-001

Grâce à la contrepassation, le compte 707 présente un solde nul pour cette opération en N+1 (débit de 5 000 € par la contrepassation, crédit de 5 000 € par la facturation), ce qui évite de comptabiliser deux fois le même produit.

Cas pratiques


Exemple 1 : Facture à établir pour une prestation de service

La société ConseilPro a réalisé une mission d’audit pour un client le 15 décembre N. La facture de 8 000 € HT (9 600 € TTC) ne sera établie que le 10 janvier N+1.

DateCompteLibelléDébitCrédit
31/12/N4181Clients, factures à établir9 600
31/12/N44587TVA sur factures à établir1 600
31/12/N706Prestations de services8 000
Produit à recevoir – Mission d’audit réalisée le 15/12/N
DateCompteLibelléDébitCrédit
01/01/N+1706Prestations de services8 000
01/01/N+144587TVA sur factures à établir1 600
01/01/N+14181Clients, factures à établir9 600
Contrepassation du produit à recevoir
DateCompteLibelléDébitCrédit
10/01/N+1411Clients9 600
10/01/N+1706Prestations de services8 000
10/01/N+144571TVA collectée1 600
Facture n°F2025-002

Exemple 2 : Ristourne à obtenir d’un fournisseur

La société DistribPlus a droit à une ristourne de fin d’année de 2% sur ses achats auprès de son principal fournisseur. Le montant total des achats pour l’année N s’élève à 200 000 € HT.

DateCompteLibelléDébitCrédit
31/12/N4098RRR à obtenir et autres avoirs non encore reçus4 800
31/12/N609RRR obtenus sur achats4 000
31/12/N44586TVA sur factures non parvenues800
Ristourne à obtenir sur achats N (200 000 × 2%)

Foire aux questions (FAQ)


Quelle est la différence entre un produit à recevoir et un produit constaté d’avance ?

Un produit à recevoir correspond à un produit acquis par l’entreprise durant l’exercice N mais non encore facturé, tandis qu’un produit constaté d’avance est un produit déjà facturé en N mais qui concerne l’exercice N+1.

Comment identifier les comptes de produits à recevoir dans le plan comptable ?

Les comptes de produits à recevoir se caractérisent généralement par la présence du chiffre 8 en troisième position, suivi souvent du chiffre 7 en quatrième position.

La TVA sur les produits à recevoir doit-elle être déclarée immédiatement ?

Non, la TVA sur les produits à recevoir n’est pas immédiatement exigible. Elle est comptabilisée dans un compte d’attente (44587) et ne sera déclarée qu’au moment de l’émission effective de la facture.

Comment traiter fiscalement les produits à recevoir ?

Fiscalement, les produits à recevoir sont imposables au titre de l’exercice de leur rattachement comptable, conformément au principe de l’indépendance des exercices.

Quelles sont les conséquences d’une omission de comptabilisation d’un produit à recevoir ?

L’omission de comptabilisation d’un produit à recevoir entraîne une sous-évaluation du résultat de l’exercice N et une surévaluation du résultat de l’exercice N+1.

Comment gérer les produits à recevoir dans un logiciel de comptabilité ?

La plupart des logiciels de comptabilité disposent de fonctionnalités dédiées aux écritures d’inventaire, permettant de générer automatiquement les écritures de produits à recevoir et leur contrepassation.

Les produits à recevoir concernent-ils uniquement les ventes ?

Non, les produits à recevoir peuvent concerner tous types de produits : ventes, prestations de services, produits financiers, subventions, etc.

Conclusion


Les produits à recevoir constituent un mécanisme comptable essentiel pour garantir une image fidèle des comptes de l’entreprise et respecter le principe fondamental d’indépendance des exercices. Leur comptabilisation, bien que technique, répond à une logique simple : rattacher chaque produit à l’exercice qui lui correspond, indépendamment de la date de facturation.

Maîtriser ce processus permet non seulement de se conformer aux obligations légales et fiscales, mais aussi d’obtenir une vision plus juste de la performance économique de l’entreprise sur chaque période. En pratique, une attention particulière doit être portée à l’identification exhaustive des produits à recevoir lors des travaux d’inventaire, ainsi qu’à leur contrepassation systématique à l’ouverture de l’exercice suivant.

En définitive, la bonne gestion des produits à recevoir s’inscrit dans une démarche plus large de qualité comptable, indispensable à une prise de décision éclairée et à une communication financière transparente.