Le remboursement d’un prêt amortissable par annuités constantes : guide complet

You are currently viewing Le remboursement d’un prêt amortissable par annuités constantes : guide complet
  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Comptable
  • Dernière modification de la publication :18 juin 2025

Les entreprises qui souhaitent financer leurs investissements ont le choix entre différentes modalités de remboursement d’emprunt. Parmi ces options, le remboursement par annuités constantes constitue la méthode la plus répandue dans le monde de l’entreprise. Cette approche présente des avantages significatifs en termes de prévisibilité budgétaire et de simplification comptable.

Comprendre le principe des annuités constantes


Un emprunt remboursable par annuités constantes implique que l’emprunteur verse périodiquement un montant identique pendant toute la durée de l’emprunt. Cette annuité comprend deux composantes distinctes : une part d’amortissement du capital et une part d’intérêts.

Le principe repose sur une répartition évolutive de ces deux éléments. Au début de l’emprunt, la part des intérêts représente une fraction importante de l’annuité, puis elle diminue progressivement. Inversement, la part consacrée au remboursement du capital augmente au fil des échéances.

La formule mathématique de calcul :

Pour déterminer le montant de l’annuité constante, il convient d’appliquer la formule suivante :

\[ a = k \times \left( \frac{i}{1 – (1 + i)^{-n}} \right) \]

Où :

  • a représente l’annuité constante
  • k correspond au capital emprunté
  • i désigne le taux d’intérêt annuel (en décimal)
  • n indique la durée de l’emprunt en année

Cette formule mathématique garantit que la somme des annuités versées permettra de rembourser intégralement le capital tout en réglant les intérêts dus.

Construction du tableau d’amortissement


Le tableau d’amortissement constitue l’outil de référence pour suivre l’évolution du remboursement. Il présente généralement six colonnes :

ComposantDescription
ÉchéancesNuméro ou date de l’échéance
Capital restant dû en début de périodeMontant du capital non encore remboursé en début de période
IntérêtsCharge d’intérêt calculée sur le capital restant dû
AmortissementPart de capital remboursée
AnnuitéMontant total versé (intérêts + amortissement)
Capital restant dû en fin de périodeMontant du capital non encore remboursé en fin de période

Exemple pratique


Prenons l’exemple d’une entreprise qui emprunte 100 000 € sur 4 ans au taux de 5 %. L’annuité constante se calcule ainsi :

\[ A = 100\,000 \times \left( \frac{0{,}05}{1 – (1{,}05)^{-4}} \right) = 28\,201{,}18\ \text{€} \]

Le tableau d’amortissement se présente comme suit :

AnnéeCapital restant dû début de périodeIntérêtsAmortissementAnnuitéCapital restant dû fin de période
1100 000,00 €5 000,00 €23 201,18 €28 201,18 €76 798,82 €
276 798,82 €3 839,94 €24 361,24 €28 201,18 €52 437,58 €
352 437,58 €2 621,88 €25 579,30 €28 201,18 €26 858,28 €
426 858,28 €1 342,91 €26 858,27 €28 201,18 €0

Détail des calculs pour chaque année :

La colonne « Intérêts » du tableau d’amortissement à annuités constantes se calcule en multipliant le capital restant dû au début de chaque période par le taux d’intérêt annuel.

  • Année 1 :
    • Intérêts = 100 000 × 5 % = 5 000,00 €
    • Amortissement = 28 201,18 € – 5 000,00 € = 23 201,18 €
    • Capital restant dû fin de période = 100 000 – 23 201,18 = 76 798,82 €
  • Année 2 :
    • Intérêts = 76 798,82 × 5 % = 3 839,94 €
    • Amortissement = 28 201,18 € – 3 839,94 € = 24 361,24 €
    • Capital restant dû fin de période = 76 798,82 – 24 361,24 = 52 437,58 €
  • Année 3 :
    • Intérêts = 52 437,58 × 5 % = 2 621,88 €
    • Amortissement = 28 201,18 € – 2 621,88 € = 25 579,30 €
    • Capital restant dû fin de période = 52 437,58 – 25 579,30 = 26 858,28 €
  • Année 4 :
    • Intérêts = 26 858,28 × 5 % = 1 342,91 €
    • Amortissement = 28 201,18 € – 1 342,91 € = 26 858,27 €
    • Capital restant dû fin de période = 26 858,28 – 26 858,27 = 0 €
🧩
La part des intérêts diminue chaque année, car elle est calculée sur un capital restant dû qui décroît à chaque échéance, tandis que la part d’amortissement augmente d’autant.

Traitement comptable des emprunts à annuités constantes


Lors de la mise à disposition des fonds, l’entreprise procède à l’enregistrement suivant :

CompteLibelléDébitCrédit
512Banque100 000,00 €
164Emprunts auprès des établissements de crédit100 000,00 €

À chaque échéance, l’entreprise enregistre le paiement de l’annuité en distinguant la part d’intérêts de l’amortissement du capital :

Première annuité :

CompteLibelléDébitCrédit
6616Intérêts des emprunts5 000,00 €
164Emprunts auprès des établissements de crédit23 201,18 €
512Banque28 201,18 €
🧩
L’amortissement du capital n’impacte pas le résultat de l’entreprise, contrairement aux intérêts qui constituent une charge déductible.

Gestion des intérêts courus non échus

Lorsque la date de clôture de l’exercice ne coïncide pas avec l’échéance d’emprunt, l’entreprise doit comptabiliser les intérêts courus non échus.

Calcul des intérêts courus :

\[ \text{Intérêts courus} = \text{Intérêts de la période} \times \left( \frac{\text{Nombre de jours depuis la dernière échéance}}{\text{Nombre de jours total de la période}} \right) \]

Écriture de régularisation :

CompteLibelléDébitCrédit
6616Intérêts des empruntsX €
1688Intérêts courus sur empruntsX €

Avantages et inconvénients du prêt à annuités constantes


Les atouts majeurs :

Prévisibilité financière : Le montant fixe des échéances facilite la planification budgétaire et la gestion de trésorerie. Les entreprises peuvent intégrer ces paiements réguliers dans leurs prévisions sans avoir à recalculer les montants à chaque période.

Simplicité comptable : La régularité des versements simplifie la gestion administrative et réduit le risque d’erreurs dans les enregistrements financiers.

Facilité de contrôle : Les dirigeants peuvent aisément vérifier la cohérence des remboursements grâce à la constance des annuités.


Les limites à considérer :

Charge d’intérêts plus élevée en début de période : Les premières années sont caractérisées par une proportion importante d’intérêts dans l’annuité. Cette particularité peut être perçue comme un inconvénient pour les entreprises souhaitant réduire rapidement leur endettement.

Coût total supérieur : Comparativement à un remboursement par amortissements constants, le coût total des intérêts s’avère généralement plus élevé.

Foire aux questions (FAQ)


Comment calculer l’annuité constante d’un emprunt ?

L’annuité se calcule en multipliant le capital emprunté par le coefficient d’annualité, obtenu grâce à la formule :

\[ a = k \times \left( \frac{i}{1 – (1 + i)^{-n}} \right) \]
Quelle différence entre amortissement et annuité ?

L’amortissement correspond uniquement au remboursement du capital, tandis que l’annuité inclut l’amortissement plus les intérêts.

Comment comptabiliser les intérêts courus non échus ?

On débite le compte 6616 « Intérêts des emprunts » et on crédite le compte 1688 « Intérêts courus sur emprunts ».

Comment évolue la part d’intérêts dans l’annuité ?

Elle diminue progressivement car les intérêts sont calculés sur le capital restant dû, qui décroît à chaque échéance.

Faut-il passer des intérêts courus à chaque clôture ?

Oui, pour respecter le principe de rattachement des charges à l’exercice comptable.

Les annuités constantes permettent-elles un remboursement anticipé ?

Oui, mais des pénalités peuvent s’appliquer selon les conditions contractuelles.

Conclusion


Le remboursement d’emprunt par annuités constantes demeure la modalité de référence pour les entreprises recherchant la stabilité dans leur gestion financière. Malgré un coût total qui peut être légèrement supérieur à d’autres méthodes, cette approche offre une prévisibilité budgétaire précieuse.