Cession d’éléments d’actifs : guide comptable complet

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  • Dernière modification de la publication :26 mai 2025

La cession d’éléments d’actifs constitue une opération comptable complexe qui nécessite une parfaite maîtrise des règles de comptabilisation et d’évaluation. Qu’il s’agisse de la vente d’immobilisations corporelles ou incorporelles, chaque type de cession implique des traitements comptables spécifiques, des calculs de valeur nette comptable précis et des écritures rigoureuses. Cette démarche s’avère cruciale pour déterminer correctement le résultat de cession et respecter les obligations comptables et fiscales.

Principes fondamentaux des cessions d’actifs


Définition et enjeux comptables

La cession d’éléments d’actifs correspond à la sortie définitive d’un bien du patrimoine de l’entreprise, généralement par voie de vente. Cette opération déclenche plusieurs obligations comptables majeures : la constatation du produit de cession, le calcul de la valeur comptable de l’élément cédé et la détermination du résultat de cession .

L’enjeu principal réside dans la correcte évaluation de la plus-value ou moins-value de cession, qui impacte directement le résultat de l’exercice. Le résultat de cession se calcule selon la formule suivante :


Classification des actifs cédés

Les éléments d’actifs se distinguent en plusieurs catégories, chacune nécessitant un traitement comptable spécifique :

Type d’actifCaractéristiquesCompte de résultat
Immobilisations incorporellesBrevets, marques, logicielsRésultat exceptionnel
Immobilisations corporellesTerrains, constructions, matérielsRésultat exceptionnel
Immobilisations financièresTitres de participation, TIAPRésultat exceptionnel
Valeurs mobilières de placementActions, obligations détenuesRésultat financier
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Point clé
La nature de l’actif cédé détermine non seulement les comptes à utiliser mais également la classification du résultat de cession dans le compte de résultat.

Mécanisme général de comptabilisation

Toute cession d’actif nécessite trois étapes comptables distinctes :

Etapes cessions d'éléments d'actifs

Une fois le traitement comptable effectué, il faut garder en tête que le traitement fiscal a également ses particularités.

Cession d’immobilisations non amortissables


Caractéristiques et exemples

Les immobilisations non amortissables comprennent principalement les terrains (hors gisements), les fonds de commerce, les marques et certains brevets à durée de vie illimitée. Ces biens conservent théoriquement leur valeur dans le temps, d’où l’absence d’amortissement.

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Bien que non amortissables, ces immobilisations peuvent faire l’objet de dépréciations en cas de perte de valeur durable.

Écritures de cession

L’enregistrement comptable se déroule en deux temps : la constatation de la cession puis la sortie du patrimoine.

Exemple : Cession d’un terrain

DateCompteLibelléDébitCrédit
Date de cession462Créances sur cessions d’immobilisations120 000
775Produits des cessions d’éléments d’actif120 000
À l’inventaire675Valeurs comptables des éléments d’actif cédés80 000
211Terrains80 000

Dans cet exemple, la plus-value de cession s’élève à 40 000 € (120 000 – 80 000).


Gestion des dépréciations antérieures

Lorsqu’une immobilisation non amortissable a fait l’objet d’une dépréciation, celle-ci doit être reprise lors de la cession car elle devient sans objet.

Exemple : Cession d’un fonds de commerce déprécié

Une entreprise cède son fonds de commerce acquis 150 000 € et déprécié de 30 000 € pour un prix de 140 000 €.

CompteLibelléDébitCrédit
462Créances sur cessions d’immobilisations140 000
775Produits des cessions d’éléments d’actif140 000
2907Dépréciation du fonds commercial30 000
78161Reprises sur dépréciations30 000
675Valeurs comptables des éléments d’actif cédés150 000
207Fonds commercial150 000

Cession d’immobilisations amortissables


Calcul des amortissements complémentaires

La cession d’une immobilisation amortissable nécessite impérativement le calcul d’un amortissement complémentaire couvrant la période du début d’exercice jusqu’à la date de cession.

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Règle fondamentale
On ne peut amortir un bien que l’on ne possède plus. L’amortissement s’arrête donc à la date de cession.

Exemple : Une machine acquise le 1er juillet N-3 pour 60 000 € HT, amortie sur 5 ans en linéaire, est cédée le 15 septembre N pour 25 000 € HT.

Calcul de l’amortissement complémentaire :

  • Amortissement annuel : 60 000 ÷ 5 = 12 000 €
  • Période à amortir en N : du 1er janvier au 15 septembre = 8,5 mois
  • Amortissement complémentaire : 12 000 × 8,5/12 = 8 500 €

Tableau d’amortissement jusqu’à la cession :

ExerciceBaseDuréeAmortissementCumulVNC
N-360 0006 mois6 0006 00054 000
N-260 00012 mois12 00018 00042 000
N-160 00012 mois12 00030 00030 000
N60 0008,5 mois8 50038 50021 500

Écritures comptables :

DateCompteLibelléDébitCrédit
15/09/N462Créances sur cessions d’immobilisations30 000
775Produits des cessions d’éléments d’actif25 000
44571TVA collectée5 000
31/12/N6811Dotations aux amortissements8 500
28154Amortissements du matériel industriel8 500
31/12/N675Valeurs comptables des éléments d’actif cédés21 500
28154Amortissements du matériel industriel38 500
2154Matériel industriel60 000

Le résultat de cession est positif : 25 000 – 21 500 = 3 500 € de plus-value.

Cas particulier de la mise au rebut


Principe

La mise au rebut constitue une cession à prix nul qui nécessite un traitement comptable spécifique. L’objectif est de sortir définitivement l’actif du patrimoine en amortissant intégralement sa valeur résiduelle.


Mise au rebut d’immobilisations non totalement amorties

Lorsqu’une immobilisation est mise au rebut avant la fin de son plan d’amortissement, l’entreprise peut choisir entre deux approches : Ici nous verrons 2 approches que l’on peut retrouver en pratique, mais la seconde approche est plus correcte et plus largement utilisée.

Approche 1 : Sortie à la valeur nette comptable

CompteLibelléDébitCrédit
6811Dotations aux amortissementsX
28xxxAmortissementsX
675Valeurs comptables des éléments d’actif cédésVNC
28xxxAmortissementsCumul
2xxxImmobilisationValeur d’origine

Approche 2 : Amortissement exceptionnel intégral

CompteLibelléDébitCrédit
6811Dotations aux amortissementsX
6871Dotations exceptionnelles aux amortissementsVNC
28xxxAmortissementsX + VNC
28xxxAmortissementsTotal
2xxxImmobilisationValeur d’origine

Exemple de mise au rebut

Un ordinateur acquis le 1er septembre N-2 pour 3 000 € HT, amorti sur 3 ans, est mis au rebut le 15 juin N suite à une panne irréparable.

Calculs préalables :

  • Amortissement annuel : 1 000 €
  • Amortissements antérieurs : N-2 (4 mois) = 333 € + N-1 = 1 000 € = 1 333 €
  • Amortissement N (5,5 mois) : 1 000 × 5,5/12 = 458 €
  • VNC à la mise au rebut : 3 000 – 1 333 – 458 = 1 209 €

Écritures comptables :

DateCompteLibelléDébitCrédit
31/12/N6811Dotations aux amortissements458
28183Amortissements matériel informatique458
31/12/N6871Dotations exceptionnelles1 209
28183Amortissements matériel informatique1 209
31/12/N28183Amortissements matériel informatique3 000
2183Matériel informatique3 000

Cette méthode évite l’apparition d’une charge exceptionnelle au compte 675 et répartit la perte sur les comptes d’amortissement.

Foire aux questions (FAQ)


Peut-on céder une immobilisation en cours d’exercice sans calculer d’amortissement complémentaire ?

Non, l’amortissement complémentaire est obligatoire jusqu’à la date de cession. Cette règle garantit que l’immobilisation soit amortie pour toute la période de détention effective.

Comment traiter la TVA sur les cessions d’immobilisations ?

La TVA s’applique selon les règles générales, sauf pour les immobilisations ayant bénéficié d’une exclusion du droit à déduction lors de l’acquisition. Les cessions de titres de participation sont exonérées de TVA.

Comment gérer les dépréciations lors d’une cession ?

Toute dépréciation antérieure doit être intégralement reprise lors de la cession car elle devient sans objet. Cette reprise s’enregistre dans les comptes 781.

Quel traitement pour les frais de cession ?

Les frais directement liés à la cession (commission, honoraires) doivent être comptabilisés dans les charges d’exploitation et réduisent de facto le résultat net de cession.

Conclusion


La maîtrise des cessions d’éléments d’actifs s’avère fondamentale pour tout professionnel de la comptabilité. Cette opération, apparemment simple, nécessite une approche méthodique respectant scrupuleusement les règles de calcul des amortissements complémentaires, de valorisation des actifs cédés et de comptabilisation des résultats de cession.

Pour aller plus loin, vous consulter notre guide dédié aux amortissements : https://expertfiscal.fr/amortissement-comptable-guide-complet/